Article écrit par Carole Barbey.
Toutes les nuances d’une carte DIXIT !
C’est l’automne. Sans l’avoir regardée en détails, je choisis cette carte qui me semble en parfait accord avec les couleurs du moment. L’automne n’a pas toujours la cote, car il est synonyme de baisse, baisse de température, baisse de luminosité et parfois baisse de l’humeur. L’automne semble parfois n’être que le passage qui nous conduit vers l’hiver, nous pensons déjà à ce mois de novembre – je parie que vous l’avez déjà associé au gris et à la pluie… Et nous nous projetons dans ces courtes journées froides et nocturnes ainsi que dans nos couches de doudounes superposées. Les passionné-e-s de ski se frottent les gants et préparent leurs lattes, pour les autres, la perspective est moins réjouissante.
C’est l’automne, une saison qu’il semble difficile d’apprécier juste pour elle-même, avec ses belles caractéristiques : ses couleurs vives et variées, mises en valeur par une lumière qui donne de la netteté aux éléments et semble nous en rapprocher. En comparaison, la lumière estivale d’un jaune aveuglant paraît comme teintée d’une brume laiteuse.
D’un deuxième regard, je me focalise sur le personnage (enfantin à en juger par la salopette et les couettes à la Fifi Brindacier.. ) de la carte, qui me donne immédiatement une impression de tranquillité et d’apaisement, les yeux fermés, les épaules basses et les bras le long du corps (inspirez.. 2-3-4…expirez…et ouvrez vos chakras ;-)). Je situe l’enfant en relation avec son environnement en introduisant une temporalité à l’image. L’enfant est présentement dans l’automne -décrit par les arbres aux tons variés du devant de la carte-, avec l’été derrière- la lumière laiteuse et aveuglante en arrière-fond-, l’hiver doit par déduction se trouver devant le personnage. J’en tire une première conclusion -simple, un peu hâtive mais qui me plaît bien- : apprécions le changement des saisons, profitons de l’automne et prenons notre temps- l’enfant semble immobile-. L’hiver est devant, nous n’y sommes pas encore et nous pouvons envisager sa venue avec sérénité.
J’aurais pu m’arrêter là. Mais ce que j’aime avec les cartes Dixit, c’est leurs complexités, leurs détails qu’on ne voit pas du premier regard et qui apportent des éléments nouveaux. Je prends donc le temps d’une observation précise. J’aperçois au tout premier plan en bas à droite et en haut à gauche des feuilles vert foncé (sont-elles dans l’ombre ?). En bas à gauche, des jeunes pousses vert clair. Au milieu il y a cet arbre long et recourbé, un tronc et des branches fines, avec des feuilles éparses uniquement au bout de celles-ci. Enfin, je suis attirée par ces formes longues pointues et peu nettes du fond de la carte.
Je me sens dans la confusion. L’ordre des saisons serait-il donc inversé ? Au tout premier plan, le printemps, puis l’été représenté par la végétation verte et dense, l’automne et ses arbres roux jusqu’à l’hiver en arrière-plan- avec cet orange pâle qui me rappelle un peu les doux ciels sur fond de neige…- Et puis que faire de cet arbre tout maigre et peu feuillu, à priori sur le déclin ? La suite « logique » pour lui semble être de décliner toujours plus, de perdre ses feuilles, de continuer à courber jusqu’à se briser. Pourtant, je me plais à imaginer un instant un mouvement contraire, un retour vers la vie, comme s’il allait se re-lever et re-garnir ses branches de feuilles foisonnantes…
Et puis non, le déclin fait partie de la vie, de ce cycle naturel des saisons, des éléments qui naissent, meurent et re-naissent.
La confusion n’est plus là, la tranquillité de l’enfant est venue s’installer en moi : penser au renouvellement lié aux cycles naturels m’amène une sensation profonde d’apaisement. Un mouvement et une stabilité tout en même temps. Les formes longues et pointues symbolisent pour moi l’énergie, comme une force imperturbable de la nature, qui me donne confiance.
Mon envie à présent est de partager avec vous cette sensation, de vous donner l’envie de vous laisser porter par ce rythme des saisons, comme dans un bercement.. jusqu’à ralentir, s’arrêter de courir, un instant. De pouvoir ressentir aussi la confiance. Peut-être même de la douceur… que vous pourriez utiliser comme un baume contre la violence de notre monde.
Je vous souhaite un bel automne, doux et coloré!
